De nos jours, on raconte un peu partout que les forêts du monde seraient entièrement dépeuplées de leurs êtres féeriques. Lutins, Elfes, Trolls... auraient disparu. Les mauvaises langues racontent même qu’ils n’auraient jamais existé.
Alors moi, je suis allée m’asseoir les fesses dans la terre, adossée à un grand pin des forêts du nord, car c’est là que j’habite. Lovée au creux de ses racines, j’ai attendu les yeux grands ouverts et j’ai dressé l’oreille. Là, les fesses mouillées, mais vibrante de bonheur, je les ai entendus pour la première fois parmi les froissements d’ailes, le bruissement des feuilles, le bâillement de la terre, les piaillements et les grognements. Cette mélodie comme un souffle glissé au fond de moi, le son qui s’épanouit et qui court sur ma peau frémissante. Je les ai d’abord entendus, et puis je les ai vus ces petits êtres luminescents à l’ombre des bois. Petits corps frêles et diaphanes d’enfants mutins dont les ailes si finement effilées brassent l’air avec tant de fougue et de grâce que des sons naissent du vent. On les voit rarement, reflets éblouissants de la nature. On les entend sûrement. J’ai tendu l’oreille encore un peu plus, et les sons dans le vent sont devenus des mots, des mots puissants, des mots pleins. Et les mots sont devenus des messages. Ces êtres de lumières, ce petit peuple des forêts, je les ai appelés « Les Chuchoteurs ». Joyeux concert de voix cristallines qui tintent à vos oreilles. Au fil du temps, je me suis aperçue que je pouvais les entendre partout, dans les forêts, mais également dans les villes, dans les campagnes, sur les bords de mer... Il suffisait de s’arrêter et d’écouter. Une sacrée ribambelle ces Chuchoteurs. Mais chacun avec un message différent, un message qui répondait chaque fois à un état intérieur, à une question, à une émotion. Un message de courage quand les épaules s’affaissaient, un message d’amour quand le coeur était sec, un message de joie quand le souffle oppressé s’amenuisait. Je continue à marcher comme tout le monde, mais des ailes se déploient en moi et les yeux brillants et plein de malice je souris à la vie dans tous ses contrastes, étincelante et sombre, parce que je les sens, je les entends ces mots dansants, ces mots chantants. Alors enfants du monde, tendez l’oreille à la découverte des Chuchoteurs ; qu’ils vous étreignent de leurs messages enjoués, qu’ils vous accompagnent sur le chemin de la vie. Et faites passer le message aux adultes qui n’ont pas encore abandonné leur enfant intérieur, eux aussi peuvent les entendre !...
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