Ce livre imposant, qui laisse volontairement de côté les aspects biographiques déjà largement traités, s'adresse bien sûr aux musicologues, hymnologues et interprètes, mais aussi aux mélomanes curieux soucieux de percer les mystères de l'oeuvre d'orgue de Dieterich Buxtehude, compositeur encore méconnu en ce début du 21ème siècle.
L'originalité de cet ouvrage réside dans la triple approche effectuée par son auteur en tant qu'organiste, pédagogue mais aussi compositeur.
L'auteur démontre que Buxtehude utilisa les trois symboliques des nombres, des lettres-notes et des formes, pour exprimer tant sa foi que sa passion pour l'astronomie (ciacone et passacaglia) ; il dégage un sens particulier aux oeuvres que l'on disait "profanes" (praeludia, praeambulum, fughette...) en y décelant la présence constante d'une mélodie de cantique comme fil conducteur ; il relie enfin les 90 pièces d'orgue aux textes sacrés fondamentaux, en attribuant à Buxtehude une parfaite connaissance et expliquant ainsi la présence de mélodies "cachées".
Cettre triple démarche - symbolique, hymnologique et herméneutique - constitue la base de composition de cet ouvrage où Jacques Pichard démontre que ces pratique ne sont pas l'apanage du 17ème siècle ni de l'Allemagne du nord, mais bien une des bases de travail de multiples compositeurs, depuis le chant grégorien jusqu'à nos jours.
Il relie en dernier lieu, par des éléments probants, à la fois politiques et religieux, la pensée mystique espagnole à la création d'un répertoire musical piétiste en Europe du nord au 17ème siècle.