Les textes regroupés dans ce volume proviennent d'un séminaire qui s'est tenu durant une année à l'Université Paris 8. La thématique générale qui avait été proposée concernait la notion de dialectique, telle qu'on la rencontre régulièrement sous la plume d'Adorno soit pour qualifier certains processus observés dans l'écriture musicale, soit pour désigner certaines opérations intellectuelles liées à l'analyse des productions.
Le concept d'oeuvre musicale, pensé non pas comme objet fixe et inerte mais plutôt comme constellation, faisceau de tensions ou champ de forces, est demeuré au centre des préoccupations de ce séminaire ; un tel concept, certes amené à évoluer de par son propre mouvement engagé dans la diversité évolutive de l'art, indique qu'on a affaire ici à un champ bien particulier - l'art - constitué de comportements, de matériaux, de processus singuliers qui, pour être en étroit contact avec les autres sphères de la société, ne sont pas aussi facilement solubles en elles que certains le souhaiteraient. Il en va sans doute ici de la résistance même que l'art oppose à la société, qui constitue une de ses dimensions importantes, son potentiel de refus et d'utopie contenu dans la dimension esthétique.
Les travaux du séminaire - on le constatera aisément en lisant les textes qui suivent - n'avaient aucunement pour but de déterminer une méthode fixe qu'on aurait pu définir de « dialectique », mais bien plutôt, à force d'observations de modèles divers et de discussions sur les textes et les oeuvres, de repérer des zones de préoccupations, des champs de tensions récurrents dans le travail de la musicologie analytique, et de réfléchir aux relations entre objets d'étude et méthodes d'investigation.
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